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Univers Biblique: Etudes, Foi et Actualisation
14 décembre 2012

Laisser Dieu prendre les devants

Bien des fois, convaincu de la justesse d’une action et certainement confiant en sa solide formation, il avait essayé de prendre les devants. Mais cela s’était souvent  terminé par l’augmentation des peines et des souffrances. Au tout début, il tua un homme pour en défendre un autre (Ex.2 :12-15) ; il ne récolta même pas la discrétion et la sympathie de celui qu’il avait essayé de protéger et une période d’errance et de difficultés s’en était suivie.

Une autre fois, dans un plan totalement inverse à celui du début et cette fois là discutant de son appel avec Dieu, il avait encore fait fixation sur sa personne en essayant de relever ses incapacités, son incompétence et son manque de légitimité (Ex 3:11, 13, 4:1, 10, 13). Il avait peiné à reconnaître que le projet de délivrance des enfants d’Israël étant celui de l’Eternel, la puissance qui serait en action était celle du Créateur. En essayant de faire un zoom sur son handicap, il avait oublié qu’il était en face de l’Eternel qui crée et fait fonctionner l’être humain (Ex.4:11-12), ses organes avec!  Croyant à tort et de façon étriquée que c’est lui (!) tout seul qui serait l’acteur principal, Dieu lui rappela que ses projets nécessitent toujours la collaboration (Ex.4 :14-16).

Cet homme, Moïse, nous représente bien. Comme un miroir, il étale devant nos yeux ces moments où nous essayons de prendre le lead ; ces temps où nous essayons inopportunément de conduire les choses à notre manière—bien que parfois ce soit même pour les bonnes causes. Nous essayons de nous mettre sous les projecteurs, de nous attirer la gloriole ! En sens inverse, nous essayons souvent de nous mettre au centre : en focalisant l’attention sur notre personnalité, en s’apitoyant sur notre sort et geignant sur nos limites ou même en essayant de faire pitié !

Mais ce Moïse nous symbolisant, étrangers aux choses de Dieu, est différent de celui que nous observons des années plus tard : très à l’aise dans sa relation et ses conversations avec Dieu. Moïse est l’un de ces rares individus dont l’amitié avec Dieu est explicitement mentionnée.

L’épisode après l’idolâtrie des israélites au pied du Sinaï illustre bien la nouvelle dimension de la relation de Moïse et Dieu. Il est dit : «L'Éternel parlait avec Moïse face à face, comme un homme parle à son ami. » (Ex. 33:11). Au cœur de cet épisode se trouve la déclaration de confiance de Moïse face à la promesse de Dieu. Moïse semble avoir grandi dans sa vision de Dieu.

Observons avec intérêt ce qui se dit aux versets 14 et 15 d’Exode 33. «L'Éternel répondit: Je marcherai moi-même avec toi, et je te donnerai du repos. Moïse lui dit: Si tu ne marches pas toi-même avec nous, ne nous fais point partir d'ici.» En réponse à l’Eternel qui lui donne la promesse d’être avec lui, Moïse reprends les mêmes mots de Dieu pour dire que si cela n’est pas fait, la suite du voyage n’est tout simplement envisageable.

A ce niveau, je voudrais mettre en exergue le fait que la richesse de langage dans ces versets offre des possibilités multiples de traductions, élargissant ainsi notre champ de compréhension. Une possibilité de traduction serait « l’Eternel dit : ma face ira/marchera (avec toi) et je te donnerai du repos ; alors il lui dit : si tu ne vas/marche (avec nous), ne nous fais pas monter d’ici » Le terme hébreu « paneh » peut en effet signifier face, front ou devant. Mais certains ont vite saisi le sens que la face ici signifierait la présence ou la personne même de Dieu. Dieu est donc en train de garantir à Moïse qu’il sera avec lui, que sa présence ne lui ferait pas défaut, et Moïse met l’accent sur l’absurdité ou l’impossibilité d’un voyage sans Dieu !

Mais le texte offre encore plus de possibilités. Le verbe (hlk) employé par les deux interlocuteurs pour signifier aller ou marcher en conjugaison avec « paneh » peut donner le sens d’aller devant. Dans ce sens, la traduction grecque de l’AT a d’ailleurs traduit « hâlak » par « proporeuomai » (aller au devant, précéder, etc.).

Ce qui se dégage de tout ce qui précède est que Dieu et Moïse sont dans une conversation où l’un dit à l’autre qu’il sera à ses devants et l’autre accepte au point de dire que sans cette possibilité, il serait mieux que le peuple ne bouge même pas d’un pouce !

Moïse accepte que Dieu prenne les devants, c’est la condition pour trouver le repos ! Le moins que l’on puisse dire, quand on se réfère à l’époque où Moïse voulait lui-même prendre les choses en main, est que non seulement sa compréhension aussi bien de Dieu que de sa propre personne a évolué, mais aussi que sa relation avec Dieu a grandement progressé ! Puisse cet autre Moïse être notre miroir, symbole de la relation avec Dieu qui peut progresser. Puisse-t-il nous inspirer à laisser Dieu faire ; à le laisser prendre les devants et tenir les rênes de notre vie et de la destinée du monde.

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